Je suis né en 1994. Je n’ai cessé de retourner dans ma ville natale. Quand je regarde en arrière, j’y vois un soupçon d’avenir ; et mes perspectives futures sont teintées de passé.
À 3 ans, j’ai eu deux familles et un cœur orphelin.
À 50 ans, j’aurai un demi-siècle – pour y parvenir, je traverserai déserts et voies lactées. Ou peut-être ne les aurai-je jamais. En attendant, j’essuie les brisures-assemblements et les intempéries. Je suis fatigué d’attendre.
Mes premiers soupirs ont levé mes utopies. Mon dernier souffle n’aura pas lieu.
À 18 ans, j’ai rencontré celle qui m’obsède encore. Je suis tombé amoureux. Son absence rouvre mes plaies, me prend aux tripes : c’est un manque à combler. Je n’ai cessé de couvrir mes silences.
En 2003, j’ai perdu un bout de mon âme, un bout de mon corps. Aujourd’hui, je les cherche encore.
En 2009, dans cette double-rencontre, je pensais pourtant m’être retrouvé. En vérité, je n’ai fait que remplir avec ce qui m’passait sous la main. Comme un verre à moitié plein qu’on fait déborder en le bourrant de gravier.
Cette année-là, heureusement, une plume s’est posée sur mes pages blanches. Depuis, j’écris. Écrire, écrire, écrire ! Je suis tissé par les cris et par les mots, et plus au fond – coincé, caché, dormant ou faisant semblant – il y’a l’émotion. Et les écrans.
Au collège, pour pallier à ma solitude, j’ai consenti à des années de servitude. Je me souviens encore de ce PC high-tech qui chauffait en vrombissant. Et le nuage informatique, le cloud, a plu ses fraîcheurs humides sur mes espérances virtuelles. Présence-absence complexe et dématérialisée.
Que reste-t-il de moi ?
Mon amour des fleurs, que mes ombres dissociées ont cessé d’arroser ;
Ma curiosité des Êtres et des Choses, qui s’éteint quand les écrans s’allument ;
Et ce rayon de lumière, toujours, qui brille dans l’âtre et que rien ne saurait masquer tout à fait. Il y a une réalité dans l’abîme qui refuse de se laisser mourir et qui respire, respire ! en attendant l’heure venue.
Crédits d'image : Maël Shanti
Le commentaire sera de vive voix… je t’aime.
C’est touchant, merci !
J’ai envie de rajouter quelques mots…
« Et ce rayon de lumière, toujours, qui brille dans l’âtre et que rien ne saurait masquer tout à fait. Il y a une réalité dans l’abîme qui refuse de se laisser mourir et qui respire, respire ! en attendant l’heure venue.
Elle est déjà là. »
Aum shanti :-))))