Il est bon, parfois, de se laisser habiter par cet état de néant où les pensées vous traversent sans trouver d’attaches, où il n’y a ni trop ni trop peu, où le regard se pose sur les choses sans emprise ni jugement. Le vent souffle et vous balaie la vie tandis que vous vous dites que rien n’a d’importance, que tout peut passer, tout traverser sans que cela n’ait le moindre impact sur ce monde dont vous êtes le secret.
Quelques notes de clavecin dans le lointain, un vent doux pour vous caresser la joue et tantôt Tout, tantôt Rien – pas d’entre-deux. Un état qui oscille tranquillement à la lumière du temps qu’il fait, du paysage céleste dont il vous est fait don. Un soupir léger, passager, et du silence en bouquets, qui s’étend dans le lointain et qui vibre dans l’instant.
Un moment à vide, sans personne, sans même vous : un moment qui n’appartient à aucune pensée, à aucune humeur.
Un moment de Seigneur, un moment de Très-Bas, où tout s’envole, s’efface, souffle sa trace et disparaît.
Un moment qui dure quelques secondes, comme une éternité, et qui revient parfois déposer un baiser fugace, absolu, sur le front de votre vie.
Un moment d’étrangeté, où plus rien ne naît en vous, ou plus rien ne peut s’approcher, où tout est comme voilé – et pourtant mis à nu par votre regard désœuvré.
Silence et tremblements, au présent.