L’amertume prend mes sens et dans l’Essence
Noie mes lueurs-vraies ; et l’amer et ses vagues
S’enivrent du bonheur feint, des espérances ;
Et la vie rame dans le rance des errances
D’une barque qui s’éloigne dans le vague
De l’existence.

À l’Aube, la Terre a pris son Envol
Et résonne le chant du Vent, floraison céleste !
Nos âmes se contemplent, nos cœurs ont la parole
Partage de frissons ! c’est l’Amour manifeste
Qui murmure nos jours heureux et les éclaire à la bougie.

Solitude au milieu de la plaine, tu m’appartiens,
Je suis ton astre vif, tu es mon blanc jardin
Et tel un néant plein, tu offres, je reçois
Ce calme qui est le tien ; ton amour est mon choix.

Pantins du vide, tyrans d’ailleurs
Vous n’êtes déjà plus, et la fonte des ombres
S’opère à contresens ; ô Soleil tu nous unis !

Exquis frisson ! Partage de sens insensés !
Nous voilà tous deux habités par la sublime émotion,
Par l’excès qui enivre, qui libère et nourrit
Le corps, l’âme et le cœur ; ô triade quintessente !
Notre jouissance est si forte qu’elle nous fait tout aimer !

La lumière se grave sur la tombe du temps
Pour que renaisse la vie, que se crée l’avenir
Lorsque les regards s’ouvrent et que la mort se fane.

L’artère perd, l’art-terre dure,
Elle perdure jusques aux vents
Des îlots lointains
Maçons de nos âmes, passagers de l’avenir.

Mon cœur se serre, l’instant s’envole
Dans un souvenir palpitant de nos vies ;
Et je vois, plongé sans asphyxie
Le stigmate du Moi, une auréole sur l’omoplate et des chaussettes aux pieds.