J’ai passé les derniers jours de ma vie à combler un vide, à nourrir un appétit insatiable, un creux qui appelle à la complétude en voulant toujours plus.
Un peu du sens que je m’étais trouvé s’est envolé. Des ailes lui ont poussé et pouf! d’un battement du cœur, plus rien. Pas même une plume en souvenir.
La vie : contraste permanent, dialogue entre opposés.
Où va-t-on quand on ne sait pas ou plus ?
Une amie confiait à la feuille qu’il suffit de déconnecter la tête pensante et de sentir, seulement sentir – cinq sens pour un Grand Sens. Respirer, humer, toucher, caresser, voir, entendre ou goûter, ce serait suffisant à vivre vraiment.
Écrire, c’est déjà de trop.
Et pourtant c’est compulsif, ça s’élance, ça vient traverser les silences : il n’y a rien de plus délicieux au monde que de faire acte avec quelques mots. Pour soi, pour l’autre. Pour retrouver un peu de ce sens disparu, de cette essence perdue de vue.
Je vous confiais : « faire acte ». Laissez-moi rectifier. Faire, c’est déjà de trop.
Seuls les actes comptent, quand ils ne sont pas initiés par nous, pas « faits » sinon par une traversée d’outre-monde et au-delà.
Un acte, c’est ce qui émerge du silence et qui y retourne. Par silence, j’entends : marguerite, Dieu, granit, étourneau.
Tout est fait de même à qui sait le voir.