Ces matins-là, nous étions ensemble – et en partageant notre chaleur, nous partagions ces petits bouts de rêves, farouches et libérés. Dans cette offrande mutuelle, dans ces sourires partagés, tout prenait le visage et les traits de l’inconstance. Plus rien n’avait de sens ; sinon nous, ce nous qui renaissait à chaque instant de nos échanges, comme un paysage que l’on réinvente sans cesse et sans cérémonie. Et puis le réveil, et puis son glas. Et puis l’éclat des rêves brisés. Et dans ma solitude, plus rien, sinon la nuit. J’ai dormi tout le jour.

Tout en moi crie à l’asphyxie. Je ne respire plus : je suffoque. Je ne vis plus : je m’économise.

Le vide viscéral et hurlant s’est empli de fumigènes d’esprit. La vision d’avenir s’est brouillée, le brouillard s’est épaissi. Jusqu’à former un mur. Et cette phrase sur ses façades : « plus rien n’a de sens ».

Le monde rétrécit, nos horizons friables s’émiettent inlassablement : tu disparais et, dans ton reflet, l’effondrement.

Je contemple en moi-même les vagues immobiles
Du temps en suspension, des espérances fébriles
Et je plonge à la recherche du levier de l’incertain…
Où êtes-vous, graines de changement ? C’est l’moment !
Et nous y voilà déjà, aussi, du moins, seulement !
La transmute tant attendue, l’inconnu des enchantements
Et la Conscience de Son Echo, et ma Voix, enfin !
« Je me suis retrouvé. »

À l’horizon des jours heureux
Mon cœur épouse la forme des nuages :
Mutation permanente à l’indéfini passage.

Je te présage.