Rodolphe Haltère

La caricature d'un homme attaché à son pays et à ses valeurs fondamentales.

Paris, un jour un peu spécial. Heure de pointe. Flot continu de regards hypocrites et condescendants. Ici, une vieille aux reflets ébènes et un gamin qui chiale ; là, un barbu sans âge qui semble porter sur lui la misère du monde. Partout, des silhouettes sans visage qui se confondent en s’entrechoquant ; et les parfums acides de leurs sueurs rances, et le bruit chaotique qui couvre tous les silences. Suffocation. Raz-le-cul. « Toutes ces pourritures humaines, qu’elles crèvent ! Y’a pas besoin de toutes ces merdes pour redorer le blason français. Ce qui leur faudrait ? Un bon holocauste ! » se disait Rodolphe en traversant les couloirs trop étroits du métro. Déjà gosse, ses semblables l’insupportaient : il avait pris l’habitude de s’isoler, enchaînait les brimades et les moqueries. Mais c’en était fini. À 16 piges, il avait pris sa décision : apprendre à se défendre. Et les faire payer, tous. S’en étaient suivis 11 ans de street fight pour leur défricher la gueule. Le p’tit Rodo’, fallait plus l’emmerder.

Oui, mais que pouvait-il bien faire quand ses patrons le traitaient de déchet ? Quand malgré tous ses efforts, on l’assimilait à un produit défectueux ? La réponse était simple : rien. Alors ça l’énervait. Plus encore, il était fou de rage. Après cette matinée infernale où ses employeurs l’avaient bien pris pour un con, à l’exploiter alors qu’il avait déjà la gentillesse de bosser un dimanche, fallait pas le chercher. Et pourtant, un connard lui était rentré dedans. Un p’tit chinois, qui ne devait pas bien voir devant lui, avec sa tronche de citron bridé. « Alors, le bouffeur de riz, on bouscule quelqu’un et on s’excuse pas ?!
– Ta gueule, macaque ! »

C’était la goutte de trop. Une grosse goutte, qui avait créé des vagues. Rodolphe fit semblant de ne rien entendre et s’éloigna, sans perdre de vue l’autre con. Il enfila ses gants, le suivit discrètement jusqu’à chez lui et, lorsque la porte d’entrée grinça, se faufila derrière le malheureux en sortant son cran d’arrêt. Quelques secondes plus tard, le couteau rentrait sans effort dans la gorge de l’homme. « C’est pas parce que tu t’appelles Chen que tu dois me prendre pour un gland » furent les derniers mots qu’il entendit. Du sang ruisselait à présent sur le corps inerte qui, dans un dernier soupir, s’effondra. Toutes ses flammes avaient été soufflées en un instant.

Rodolphe, quant à lui, se sentait mieux, plus détendu. Ça l’avait bien calmé, de pouvoir distiller sa haine dans les entrailles d’une bête. Il essuya son couteau, fit un brin de toilette et reprit son chemin. Tenant à la main ce petit bout de carton qui faisait de lui un français, portant en lui l’héritage et les racines de son unique pays, il put enfin aller voter en sifflant. Cette année, peut-être Marine allait-elle enfin être élue ?

Depuis mon enfance, j'aime écrire, dessiner, peindre et créer ; ma rencontre avec la poésie est, quant à elle, plus récente. Depuis, c'est une véritable partenaire de vie qui épouse une multiplicité de formes successives et se renouvelle sans cesse : tantôt exutoire ou partenaire d'expression, vectrice de mes odes à la joie et compagne de mes aspirations, la poésie sait m'écouter. Et si ces quelques mots n'ont pas suffi à satisfaire votre curiosité, c'est par ici que ça se passe !

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